Des hommes et des dieux: au nom de l'autre
Par Julie Buk Lament, dimanche 19 septembre 2010 :: Critiques :: #1066 :: rss
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l'avis de Julie |
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Xavier Beauvois a choisi un sujet fort. Mais au lieu d'en traiter l'aspect politique, d'évoquer le drame avec le sang, il a fui à tout prix le voyeurisme. Avec pudeur, il a pris le parti de nous montrer les hommes, leur dilemme et leur cheminement intérieur. A la fois simple et précise, la réalisation est en réalité ambitieuse. Le réalisateur épouse le rythme des huit moines dans le monastère pendant deux heures pour tenter de nous expliquer le choix de ces hommes presque condamnés à une mort certaine. Il prend son temps pour nous les montrer dans leur quotidien, dans la prière, la discussion, l'hésitation. A travers l'introspection des moines, il pousse chaque spectateur face à sa propre réalité, à ses propres dilemmes. La montée en puissance, alors que le drame se précise et devient presque tangible, est faite de manière à peine perceptible. Ne cherchez pas l'effusion, le sang, les larmes. Le monastère de l'Atlas reste un havre de paix malgré les armes qui la pénètrent, malgré les cris. Dès les premiers instants, le ton est donné. La menace existe dès le départ. Le film retrace le cheminement de pensée des moines jusqu'à leur mort inexorable. Autour d'eux, les hommes se battent.

Entre les islamistes et l'armée, le metteur en scène a choisi la neutralité. Il montre les faits. Car ce qui l'intéresse vraiment c'est de nous faire pénétrer dans l'esprit des moines et nous faire comprendre leur choix. Celui de rester dans le village de Tibhirine, de côtoyer la mort au quotidien afin de poursuivre leur mission. S'ouvrir à l'Autre, le comprendre, l'aider, l'aimer, le respecter. Ils ne sont jamais montrés comme des martyrs. Peut être comme des fous. Mais petit à petit, à force de nous les montrer simplement dans leur recueillement, leur prière, le réalisateur mue la folie en autre chose. En respect. En amour.
Les acteurs sont habités. Lambert Wilson tient le rôle de sa vie. Quant à Michael Lonsdale, il est... Touchant, grand, unique. Je peine à trouver l'adjectif qui puisse le qualifier. Son jeu est un hommage à frère Luc qui a dédié sa vie à soigner des enfants, à les vêtir, à les écouter.
Si ces moines étaient des hommes, avec leur envie de vivre, ils étaient avant tout des frères, une communauté. Leur altruisme les transcendait. Le film a la force d'un témoignage, la beauté d'un tableau, la profondeur d'un livre. Rarement le 7ème Art sera parvenu à une telle apothéose dans l'émotion pure. Je repense au dernier quart d'heure du film. A la fin inexorable. A ce repas arrosé de vin. Peut être l'ultime dans le monastère de l'Atlas. Le Lac des cygnes n'aura jamais été aussi beau. Chacun des moines nous apparaît alors en gros plan. D'abord c'est la béatitude du moment. Le calme, la plénitude. Puis l'angoisse vient assombrir le visage de chacun. Car ils savaient certainement. Jamais une scène aussi simple et pure aura eu un effet aussi fort sur moi.
J'ai lu quelque part que le film de Xavier Beauvois était prétentieux. Je crois, bien au contraire, que Des hommes et des dieux est l'oeuvre la plus modeste rarement réalisée.
Les acteurs sont habités. Lambert Wilson tient le rôle de sa vie. Quant à Michael Lonsdale, il est... Touchant, grand, unique. Je peine à trouver l'adjectif qui puisse le qualifier. Son jeu est un hommage à frère Luc qui a dédié sa vie à soigner des enfants, à les vêtir, à les écouter.
Si ces moines étaient des hommes, avec leur envie de vivre, ils étaient avant tout des frères, une communauté. Leur altruisme les transcendait. Le film a la force d'un témoignage, la beauté d'un tableau, la profondeur d'un livre. Rarement le 7ème Art sera parvenu à une telle apothéose dans l'émotion pure. Je repense au dernier quart d'heure du film. A la fin inexorable. A ce repas arrosé de vin. Peut être l'ultime dans le monastère de l'Atlas. Le Lac des cygnes n'aura jamais été aussi beau. Chacun des moines nous apparaît alors en gros plan. D'abord c'est la béatitude du moment. Le calme, la plénitude. Puis l'angoisse vient assombrir le visage de chacun. Car ils savaient certainement. Jamais une scène aussi simple et pure aura eu un effet aussi fort sur moi.
J'ai lu quelque part que le film de Xavier Beauvois était prétentieux. Je crois, bien au contraire, que Des hommes et des dieux est l'oeuvre la plus modeste rarement réalisée.
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